Jeune gynécologue, Diane Bourgasser nous partage comment s'auto-palper le sein, une technique rapide et efficace (en parallèle des mammographies), qui aussi permet de mieux connaître ses seins. Elle rappelle aussi que le mode de vie a un grand impact sur le developpement des cancers du sein.
Pratiques-tu une médecine gynécologique 'holistique' traitant la patiente de façon globale ?
Nous nous occupons des patients de manière globale. Il serait incomplet de ne pas prendre en compte son mode de vie ou ses antécédents familiaux, personnels etc... Nous n'aurons pas la même prise en charge, le même suivi et le même discours. Chaque patiente est différente et nécessite une capacité d'adaptation afin de ne rien laisser de côté.
Quelle est la pratique la plus efficace pour la prévention du cancer du sein (auto-palpation/ mammographie...)?
En France il existe un dépistage organisé du cancer du sein depuis 2004. Ce dépistage concerne les femmes de 50 à 74 ans qui ne présentent pas de facteur de risque ou de symptôme particulier de cancer du sein. Il consiste à réaliser une mammographie tous les 2 ans et un examen clinique des seins auprès d'un radiologue agréé. Les femmes concernées reçoivent un courrier au domicile les invitant à participer à ce dépistage. En ce qui concerne l'auto-palpation, c'est une méthode efficace permettant de bien connaître son corps, mais attention elle ne se substitue pas à un examen au moins annuel par le médecin traitant ou le gynécologue !
A partir de quel âge conseilles-tu de débuter l'auto-palpation et à quelle fréquence ?
Il est recommandé de faire une auto-palpation tous les mois à partir de l'apparition des règles. Sincèrement, je pense qu'aucune jeune fille ne la pratique si tôt, mais je suppose qu'on peut commencer à bien connaître ses seins à partir du moment où l'on prend une douche de manière régulière. Le plus tôt est le mieux pour commencer.
Peux tu nous expliquer comment pratiquer l’auto-palpation ?
L'auto-palpation se réalise debout, face à un miroir, seins nus.
Pour l'examen du sein droit :
- Commencer par rechercher visuellement une anomalie : rétraction du mamelon ? aspect de peau d'orange ? bosse ? tout aspect inhabituel
- Lever le bras droit, et, à l'aide de la main gauche, commencez l'auto-examen. Index, majeur, et annulaire bien à plat, il faut palper quadrant par quadrant (supéro-externe, supéro-interne, inféro-interne, inféro-externe) tout autour du mamelon, puis au niveau de la zone mamelonnaire. La palpation doit être assez ferme pour bien sentir la glande mammaire jusqu'à la paroi thoracique. Cette palpation doit rechercher une boule (masse, nodule), qui peut être ferme, souple, mobile ou non, douloureuse ou non.
- Une fois les quadrants réalisés, concentrer vous sur le mamelon, pressez le légèrement à la recherche d'un écoulement (qui doit vous faire consulter un médecin rapidement).
- Pour terminer, toujours avec le bras lever, palper de la même manière la zone allant du sein jusqu'à l'aisselle, pour rechercher également des nodules.
Pour l'examen du sein gauche : faire exactement la même chose !
L'auto-palpation permet de bien connaître sa poitrine, il est essentiel pour déceler des anomalies de manière très précoce, anomalies qui peuvent tout à fait ne comporter aucun critère de gravité. Si vous avez le moindre doute, n'hésitez pas à consulter soit votre gynécologue, soit votre médecin traitant.
Les personnes ayant des antécédents familiaux de cancer du sein doivent-elles être plus vigilantes ?
Les femmes présentant des facteurs de risque, sont celles ayant :
- des antécédents de cancer du sein dans la famille
- des symptômes avant 50 ans
- un mode de vie à risques accrus de cancer : tabac, alcool, obésité...
Ces femmes doivent mettre en place un suivi personnalisé avec un gynécologue ou un médecin traitant. Des surveillances rapprochées avec examen clinique et imagerie médicale peuvent être proposées plus précocement.
Quels sont les habitudes augmentant le risque de cancer ?
Le mode de vie constitue une partie importante de l'apparition des cancers. Nous sommes en mesure d'identifier aujourd'hui des comportements qui peuvent sans aucun doute jouer un rôle quant au développement de tumeurs malignes.
<Dans les facteurs de risque les plus souvent en cause (et pas seulement dans le cancer du sein mais tous les cancers) on retrouve :
- le tabac
- l'alcool
- l'obésité
- la sédentarité
- le diabète de type 2 etc...
Pour ce qui concerne le cancer du sein on peut également ajouter :
- la contraception oestro-progestative sur une longue durée (heureusement, le risque diminue à l'arrêt de cette contraception)
- le traitement hormonal substitutif de la ménopause utilisée de manière prolongée (surtout s'il est oestro-progestatif)
- une première grossesse tardive (après 30 ans) ou pas de grossesse du tout.
Quels sont tes conseils pour un mode de vie 'anti-cancer' ?
Comme on l'entend partout, un mode de vie anti-cancer c'est tout simplement un mode de vie sain. Une alimentation équilibrée, pas de tabac, pas d'abus d'alcool, une activité sportive régulière, des bonnes nuits de sommeil pour éviter fatigue, stress etc...
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A l'occasion d'Octobre rose, Atelier Nubio interview 3 femmes qui éveillent nos consciences et nos corps au sujet du cancer. Seconde interview : Diane Bourgasser, gynécologue.